L’un des plus grands défis auquel les villes de demain seront sans aucun doute confrontées est le réchauffement climatique. La nécessité de repenser également l’espace urbain en termes de création d’espaces accueillant équipés de systèmes de rafraîchissement à la fois techniquement moderne et éco-durables, se fait de plus en plus ressentir. Votre fontaine couverte de style architectural romain avec des brumisateurs fait écho au lien très étroit qu’entretient Rome avec l’eau.
L’un des trésors cachés de la ville est un aqueduc d’environ 20 kilomètres inauguré en 19 avant J.C et encore utilisé aujourd’hui. Et pour cause, il se trouve majoritairement dans les souterrains de la ville. Cet aqueduc, le seul ayant survécu aux nombreuses attaques des peuples dits barbares et aux catastrophes naturelles, sur les 11 principaux aqueducs romains, qui assuraient à l’Antiquité l’approvisionnement en eau de la ville, est appelé Acquedotto Vergine, aqueduc vierge. Pourquoi ce nom ? Tout simplement parce que l’eau qu’il transporte est d’un bleu clair, symbole de pureté.

aqueduc acqua vergine ©rerumromanarum
Aujourd’hui encore, il alimente de nombreuses fontaines romaines, partons à la découverte des plus remarquables d’entre elles ! A ce propos, saviez-vous que Rome détient un record insolite ? C’est la ville avec le plus grand nombre de fontaines publiques au monde ! On en dénombre près de 5500 !
Fontaine de Trevi, ©romasegreta
L’esthétique de la fontaine de Trevi, comme nous la connaissons aujourd’hui, a été impulsée par le Pape Clément XII. Adossée au palais Poli, la fontaine est composée d’un bassin avec une large falaise sur laquelle sont sculptées de nombreuses plantes et où coule de l’eau de manière spectaculaire. Au centre, la statue du dieu de l’Océan conduit un char en forme de coquillage tiré par deux chevaux marins ailés.
Avez-vous remarqué que l’un de ces animaux semble paisible et l’autre en revanche semble agité ? Ils représentent les deux aspects de la mer parfois calme, parfois déchaînée. Les chevaux sont précédés par deux tritons, ces divinités marines mi-homme mi-poisson.
détail de la fontaine de trevi, ©beniculturalionline
La place Navone, connue pour ses nombreuses fontaines, proposait dans le passé une manière surprenante pour rafraîchir la ville.
Photographie de la dernière inondation de la place Navone en 1865, ©Wikipedia
Autrefois la place avait une forme concave et se transformait en été en un véritable lac. En empêchant l’écoulement des trois fontaines, l’eau se répandait sur toute la place, ainsi enfants et adultes se jetaient dans l’eau. Les cochers en profitaient même pour se rafraîchir et laver leurs voitures. La dernière inondation a eu lieu en 1865.
Lorsque les beaux jours arrivent et que la chaleur envahit les petites rues pavées, rien n’est plus agréable que de pouvoir se désaltérer avec de l’eau bien fraîche ! En vous promenant dans la ville éternelle, vous remarquerez très certainement ces nombreuses fontaines de forme cylindrique que les romains appellent “nasoni” et que l’on pourrait littéralement traduire par “gros nez”. On les trouve un peu partout, dans les rues, sur les places ou dans les jardins. Aujourd’hui on dénombre près de 2500 nasoni dans la ville. Dans l’hyper-centre, on comptabilise 200 nasoni et environ 90 fontaines dites artistiques alimentées par de l’eau potable.
Avec ses nombreuses fontaines (publiques et privées), ses aqueducs, Rome offre différents modèles architecturaux à étudier et détourner dans un esprit moderne, parmi eux, le modèle par excellence des lieux de convivialité reste celui des thermes.
Nasoni dans les rues de Rome, ©scuolaromit.com
Les thermes sont une invention grecque que les Romains ont améliorée. Les premiers thermes publics ont été construits pour l’usage d’une population modeste, mais à partir de l’Empire ils se sont multipliés de plus en plus dans toutes les villes, pour devenir l’un des éléments essentiels de l’urbanisme romain. Symbole de puissance et de richesse, les thermes ont joué un rôle social extrêmement important en illustrant “le modèle de vie du citoyen attentif aux soins du corps et avide d’échanges sociaux et amicaux”.
Ouverts à tous, les thermes de Caracalla pouvaient accueillir jusqu’à 1600 personnes ! Ils possédaient des systèmes de chauffage, d’approvisionnement en eau et d’égouts très sophistiqués ! Les Thermes abritaient 64 citernes d’eau de 80 000 litres chacune alimentées par un aqueduc (Acqua Antoniniana).
Thermes de Caracalla, ©sitiarcheologiciditalia
Les thermes se composent de plusieurs salles, que l’on peut visiter dans l’ordre de son choix :
- L’apodyterium (vestiaire) : c’est une salle équipée de bancs de pierre et de niches sur lesquels on dépose les vêtements. Quand on en a les moyens, on paie un esclave pour qu’il surveille les vêtements et évite les vols.
- Le tepidarium (bain tiède) : dans cette salle munie de bancs, on s’habitue à la chaleur avant de passer dans la salle chaude.
- Le caldarium (bain chaud) : cette salle très éclairée est souvent divisée en plusieurs bassins ; parfois, on y trouve une piscine.
- Le frigidarium (bain froid) : cette salle, de grande taille dans les thermes de Caracalla, est souvent obscure.
- Les complexes les plus grands comportent également un sudatorium (bain de vapeur, sorte de hammam) ou un laconicum (étuve sèche). En général, on termine par le bain froid.
Reconstruction des thermes de Caracalla, ©studiarapido
Le système d’entretien souterrain s’effectuait grâce à un réseau de galeries qui desservaient toutes les parties de l’édifice. Tout le système de chauffage se trouvait dans les souterrains situés sous le caldarium avec les praefurnia (fours) (il y en avait une cinquantaine !)
Les salles étaient surélevées de piliers en briques, comme construites sur pilotis. Au sous-sol, on entretenait les feux avec du charbon ou du bois. L’air chaud y circulait et débouchait directement dans les salles grâce à un système de conduits en terre cuite.
Les fours consommaient en moyenne 10 tonnes de bois par jour !
Les romains y venaient non seulement pour le soin de leur hygiène et de leur santé, mais aussi pour pratiquer du sport, pour étudier et pour passer du temps à se promener dans les jardins à l’air libre.
En effet, au-delà des thermes, on pouvait trouver dans ce complexe une salle de sport avec des vestiaires où les jeunes athlètes se changeaient. Ils s’entraînaient à des sports difficiles comme la lutte, le “pugilato”, la course, le lancer de javelot, du disque et du poids.

Bibliothèque des thermes de Caracalla – Unicaen
La structure des thermes de Caracalla prenaient la forme rectangulaire des “grandes Thermes impériales” avec les salles thermales disposées sur un seul axe et les salles des vestiaires et des salles de sport (palestre) dédoublées et symétriques. Cette planimétrie permettait aux baigneurs de se déplacer facilement.
Les thermes offraient aussi des espaces pour s’échauffer et pour être massé. Certains comportaient de grandes piscines, des boutiques, des tavernes. Les plus grands thermes, comme ceux de Caracalla à Rome, disposaient même de bibliothèques et de salles de lecture publique, ainsi que des jardins pour la promenade, des fontaines et des bancs.
Pour aller plus loin :
Nous conseillons de consulter ce dossier proposé par la BNF sur la plomberie et le système hydraulique de Rome. Pour le lire, cliquer ici.
Si vous souhaitez découvrir les fontaines en musique, nous vous conseillons l’œuvre de Ottorino Respighi. Plongez-vous dans la fontaine de Trevi à midi
et dans la fontaine de la Villa Médicis au coucher de soleil :
Il s’agit d’un compositeur appartenant à “la génération des 80”, cette association de compositeurs italiens nés en 1880 qui, souhaitent dans années 20, créer un style de musique classique proprement italien.