Lycée Heinrich-Nessel – Piste d’inspiration : Centrale Montemartini

Dans les civilisations antiques (grecque, romaine et étrusque) les repas et les banquets de fête se consommaient couchés sur des klinai (terme grec), lit avec un support rehaussé. En particulier lors du moment le plus convivial et important du repas, le symposium, lorsque l’on discute en buvant du vin. 

Entrons dans une maison romaine pour mieux comprendre l’environnement dans lequel se trouvaient ces meubles.

Dans la Rome antique, il existait deux types d’habitations : l’insula, de petits immeubles à plusieurs étages, imaginés pour répondre à la crise du logement dans la ville, et la domus.

Celle-ci était une construction solide généralement de forme rectangulaire, souvent de plain-pied pour le niveau principal de l’habitation.

l’insula ©capitolivm.it

Au centre de la domus se trouvait une aire semi couverte, comme une petite place, appelée atrium, un espace convivial dans la maison représentant un lieu de rencontre et d’échange. On y trouvait une ouverture dans le toit appelée compluvium. Les jours de pluie, l’eau tombait dans un petit bassin appelé impluvium et était utilisée pour arroser le jardin, laver les vêtements et la maison.

Implivium ©imperoromano

En traversant l’atrium, on arrivait dans la salle à manger, triclinium, et dans la salle commune, l’équivalent de notre salon actuel, le tablinum. Ces espaces conviviaux et d’échange ont été pensés pour accueillir les invités. Le salon était meublé d’une grande table en pierre et d’assises décorées de riches coussins.

Dans la salle à manger, étaient disposées trois klinai formant un U sur lesquelles les romains se couchaient lors des banquets. C’était une pièce de la maison très lumineuse et accueillante : les murs étaient ornés de peintures et les sols de marbres ou mosaïques.

Klinai en forme de U dans la domus ©imperoromano

La maison d’Auguste est d’ailleurs, un bel exemple de domus romaine visitable à Rome ! A fortiori car il s’agit de la domus du premier empereur de Rome. De magnifiques fresques très colorées ont été retrouvées in situ à partir de 1951, date de la découverte du site du Palatin.

Les lits antiques sont constitués d’un châssis de forme rectangulaire et de quatre montants. Matelas, couvertures et coussins reposent sur des sangles soit en cuir ou en fibres végétales, soit en bois ou en métal, fixées au châssis. Les assises les plus luxueuses possèdent également des accotoirs (des  fulcra). C’est à partir du Ier siècle après J.-C. que l’on voit apparaître les premiers dossiers. Mais peut-on voir de vraies klinai ?

Schéma d’un lit romain ©CORMIER, Anselme. Chapitre 2. Les lits antiques : formes et origines In : Lectus eburneus : Les lits funéraires en ivoire à Cumes et dans le monde romain [en ligne]. Naples : Publications du Centre Jean Bérard, 2022

La Centrale Montemartini est un musée romain qui ouvre ses portes en 1997, dans une ancienne centrale électrique. On y trouve une partie des collections antiques des musées du Capitole, en particulier une vraie klinê !

Musée Centrale Montemartini ©TurismoRoma

Klinê, musée Centrale Montemartini, ©centralemontemartini

Il s’agit d’un objet retrouvé dans un contexte funéraire, reconstitué dans sa partie en bois manquante, à partir des fragments métalliques originaux retrouvés dans la tombe. Il témoigne d’un art métallurgique et d’une orfèvrerie remarquable. Le reste du musée est un vrai bijou et renferme de très beaux témoignages de l’art de vivre à la romaine, mosaïques fresques et statues décorant les jardins romains.

La klinê est un type de mobilier que l’on retrouve dans de nombreuses fresques, vases, reliefs de l’art antique. Marie, votre médiatrice a sélectionné pour vous quelques exemples de ces représentations :

Dans les tombes étrusques, on trouve beaucoup de représentations de banquets, avec les convives installés sur des klinai. Les spécialistes pensent que ces images, sur les parois de pièces souterraines, représentent soit le banquet funèbre tenu pour les funérailles du défunt, témoignant de la dévotion et de l’honneur qu’ont rendu les descendants à leur ancêtre et qu’ils continueront à rendre pour témoigner leur piété filiale. Ou bien elles représentent le mort lui-même avec ses convives dans l’au-delà qui continuent à vivre et à fêter le passage dans l’autre monde.

Toujours est-il que ces représentations funéraires sont une excellente source d’information sur le mode de vie et le mobilier des étrusques. L’une des plus célèbres retrouvées à Tarquinia (une ville au nord de Rome) fut rebaptisée par les archéologues la Tomba dei Triclini : 3 couples, hommes et femmes, banquètent allongés sur des klinai. Des danseurs et musiciens égayent la fête.

Les fresques de la Tomba dei Triclini, ©Wikipedia

le sarcophage des époux, Museo Nazionale etrusco di Villa Giulia, Rome, ©Wikipédia

Un autre objet étrusque très célèbre représente une scène similaire : le sarcophage des époux. Un homme et une femme allongés sur une klinê. Il s’agit du couvercle du tombeau, comme si le sarcophage lui-même représentait le meuble. Un exemplaire se trouve à Rome, un autre au Louvre.

Chez les romains, la klinê devient le meuble principal de ces pièces appelées triclinium : la salle à manger avec 3 klinai disposées en U. On en trouve des représentations sur des fresques provenant de Pompéi.

Fresques Pompéi, ©latinorum

Pour aller plus loin : 

Dans la culture grecque, ces représentations sont un peu différentes. Un passage célèbre de l’écrivain grec Theopompos de Cnide nous indique une grande différence culturelle : il se scandalise du fait que les femmes étrusques participent au banquet et au symposium avec leurs maris. Ce qui leur valait une réputation de mœurs légères auprès des grecs. Sur les vases grecs, le symposium est donc représenté généralement qu’avec des hommes comme convives, ou bien des courtisanes, mais pas les épouses.

On trouve également une représentation intéressante sur un vase grec à figures rouges : Achille, le héros grec, au repos dans sa tente après le combat contre Hector, est allongé sur sa klinê. Mais deux intrus troublent son repos, Priam et Briseide viennent réclamer le corps d’Hector pour lui donner une sépulture digne. On voit donc que les klinai étaient un objet d’usage courant dans les maisons grecques.

©Kunsthistorische Museum Vienna

Pour vous rendre sur le site internet du musée Centrale Montenmartini, cliquer ici.

Pour visiter une domus romaine, cliquer ici

Pour en savoir plus sur la maison d’Auguste, découvrez le dossier intitulé La maison d’Auguste sur le Palatin à Rome, proposé par Odysseum en cliquant ici.

Dans l’art plus contemporain, la klinê est tout aussi présent, comme en atteste la sculpture de Canova de Pauline Bonaparte, la sœur de Napoléon, où l’on voit la princesse allongée à moitié nu sur un klinai. Pour en savoir plus sur l’œuvre de Canova, cliquer ici.

La Vénus Victrix de Canova, ©Wikipédia

Découvrez les aspects techniques du lit antique romain en cliquant ici.

Voici quelques exemples d’éléments de mobilier romain qui pourrait vous inspirer : 

©impero romano

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