Lycée Ligier Richer – Piste d’inspiration : Case del Celio

On peut difficilement, pour l’époque antique, parler d’une société écoresponsable telle que nous l’entendons aujourd’hui. L’utilisation de certains matériaux, la récupération, la réutilisation, le long terme étaient liés à des exigences et des enjeux bien différents du monde moderne. Néanmoins, pour cerner « l’habitat de demain : bien vivre ensemble et durablement » il est important d’identifier les points communs et les différences autour du thème de l’habitat dans les sociétés d’hier et d’aujourd’hui.

Dans la Rome antique, il existait deux types d’habitations : l’insula (insuale au pluriel), de petits immeubles à plusieurs étages, imaginés pour répondre à la crise du logement dans la ville, et la domus, une habitation familiale.

Ce sont deux modèles d’habitations drastiquement opposés qui laissent entrevoir toutes les contradictions de l’habitat de la Rome antique. En effet, Rome était une des villes les plus peuplées de l’Antiquité. Comptant environ 1 200 000 habitants à l’époque impériale, sa population était répartie seulement sur quelques portions de territoire.

La chute de l’empire romain, Anthony Mann, 1964.

Entre le lit capricieux du Tibre, les sanctuaires, les monuments publics, les docks, les thermes ainsi que les nombreux parcs, une grande partie de son territoire était, pour une raison ou pour une autre, inutilisable. Ceci contraignit les Romains à construire en hauteur (certaines insulae pouvaient mesurer jusqu’à 18m de haut) au cœur de ruelles très étroites et à réutiliser souvent des structures préexistantes.

Le premier témoignage écrit que nous possédons de l’insulae, nous provient de Tite-Live. Il décrit la mésaventure d’un bœuf qui, affolé par les cris des locataires, se jette depuis le troisième étage d’un immeuble. Les insulae, étaient construites sur 2 ou 3 étages mais on recense à Rome des immeubles s’élevant jusqu’à 5 ou 6 étages !

Tite-Live ©babelio

l’insula ©capitolivm.it

La ville voit apparaître ce type d’habitation au cours du IIIe siècle, lorsque Rome semble devoir affronter une importante crise du logement. Les insulae étaient généralement construites en briques et recouvertes d’enduit. Le rez-de-chaussée était souvent occupé par des boutiques, au second étage, y habitaient les personnes plus aisées alors que dans les étages supérieurs s’entassaient les familles plus modestes.

La domus quant à elle était une construction solide généralement de forme rectangulaire, souvent de plain-pied pour le niveau principal d’habitation. Cette maison familiale romaine possédait, certes, peu de fenêtres sur l’extérieur mais était en revanche entièrement ouverte sur l’intérieur. Les différentes pièces s’organisaient autour d’un atrium, une aire semi couverte, comme une petite place. C’était un espace convivial dans la maison représentant un lieu de rencontre et d’échange.

plan d’une domus, ©Wikipedia

Les maisons romaines du Celio est un site où il est possible de voir ces deux exemples pertinents d’habitations romaines : une insula (immeuble collectif) et une riche domus (habitation familiale)

plan du site des maisons romaines du Celio , ©caseromanedelcelio.it

Ce site archéologique se développa du IIIe au Ve siècle après J-C. Il s’agissait tout d’abord d’une insula et d’une domus séparées par une étroite ruelle, avant que le tout soit unifié par une seule et même riche famille pour en faire sa luxueuse demeure avant de finir en lieu de culte à la fin de l’Antiquité. C’est un réaménagement constant qui permet de comprendre comment les Romains réutilisaient des structures existantes pour en faire quelque chose d’autre, économisant ainsi temps et argent.

Briques cuites, maçonnerie, et poutres de bois étaient à l’époque les matériaux de prédilection, mais Pline l’Ancien évoque tout de même la présence de plantes grimpantes et de pots de fleurs sur les balcons pour adoucir un peu l’étouffement que devait provoquer cet amas d’édifices.

L’éclairage laissait souvent à désirer, tout comme le chauffage et l’alimentation en eau, exception faite pour les demeures les plus riches comme nous le verrons dans une de ces maisons grâce à la présence d’un nymphée (une fontaine décorative constituée d’un ou plusieurs bassins).

Intérieur des maisons romaines du Celio, ©caseromanedelcelio.it

Le nymphée, ©casedelcelio.it

Les insulae ressemblent à nos grands immeubles modernes, alors que les domus nous permettent d’évoquer des exigences qui sont semblables à celles d’aujourd’hui (alimentation en eau, éclairage, circulation de l’air, chauffage, etc…) car les familles qui y résidaient, appartenaient généralement à un milieu plus aisé.

Les maisons romaines du Celio offrent deux exemples d’habitations radicalement différents qu’il est intéressant de mettre en parallèle avec votre chef-d’œuvre réalisé au cours de l’année scolaire.

Pour aller plus loin :

Pour étudier le système d’éclairage à l’époque antique, nous vous conseillons le lien de cette très belle exposition, cliquer ici pour le découvrir.

Nous vous conseillons ces dossiers proposés par la BNF. Pour consulter celui sur la maçonnerie à l’époque romaine, cliquer ici. et sur la plomberie et le système hydraulique, cliquer ici.

Découvrez les spécificités du béton romain dans ce petit reportage disponible sur TF1 en cliquant ici.

Pour finir, nous vous conseillons ce livre dédié à la civilisation romaine qui traite notamment de la conception de l’urbanisme dans Rome entre domus et insula. “Rome à l’apogée de l’Empire, Vie quotidienne”, J. Carcopino, Hachette Pluriel, 2011

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