Lycée Simon Lazard – Piste d’inspiration : Case romane del Celio

Au  III avant J.-C. il est difficile de trouver une habitation à Rome, les loyers sont chers, les logements souvent insalubres, c’est le début d’une grosse crise immobilière ! Alors pour tenter d’offrir à tous ses habitants un confort de vie, la cité imagine une nouvelle habitation, l’insula, ce sont les tous premiers immeubles de l’histoire de l’humanité ! 

Contrairement aux domus, ces maisons familiales réservées à une élite, les insulae accueillent plusieurs familles de catégories sociales différentes et parfois même des boutiques. En étudiant la structure de cette habitation et la manière dont pouvaient cohabiter ses habitants, il est possible de trouver quelques bonnes idées pour imaginer nos copropriétés de demain.

Reconstruction d’une insula, ©GEO

Bien sûr, aujourd’hui, nous devons faire face à des enjeux bien différents de ceux de l’Antiquité, notamment d’un point de vue environnemental. On peut difficilement, pour l’époque antique, parler d’une société écoresponsable telle que nous l’entendons aujourd’hui. L’utilisation de certains matériaux, la récupération, la réutilisation, le long terme étaient liés à des exigences et des enjeux bien différents du monde moderne.

Le premier témoignage écrit que nous possédons de l’insulae, nous provient de Tite-Live. Il décrit la mésaventure d’un bœuf qui, affolé par les cris des locataires, se jette depuis le troisième étage d’un immeuble. Les insulae, étaient construites sur 2 ou 3 étages mais on recense à Rome des immeubles s’élevant jusqu’à 5 ou 6 étages !

Buste de Tite Live réalisé par Lorenzo Laresse Moretti ©Wikipédia

Tout comme nos immeubles, ces habitations possédaient des fenêtres qui donnaient sur la rue et sur une cour intérieure afin de faire plus facilement entrer la lumière, d’une porte d’entrée, d’un escalier et de paliers. Il n’était pas rare de trouver également une fontaine dans la cour intérieure car les appartements ne possédaient pas l’eau courante.

Le rez-de-chaussé de l’insulae était souvent occupé par des boutiques, des tabernae. Initialement, ces espaces étaient dédiés aux artisans qui pouvaient exposer leurs productions dans la rue. Petit à petit, certains de ces magasins se sont transformés en tabernae vinarie, un lieu où les romains pouvaient se ravitailler, en mangeant et buvant du vin. Ces petits restaurants étaient aménagés très simplement car les tabernae étaient très étroites. Le rez-de-chaussée était très actif et bruyant.

Tabernae, ©imperoromano

C’est au premier étage que les familles les plus aisées habitaient : elles avaient un grand appartement ainsi qu’un balcon. César aurait habité dans ce type d’habitation dans son enfance. En revanche, les étages supérieurs étaient plus spacieux, c’est là où les familles les plus démunies s’entassaient dans de petits espaces. Il n’y avait pas vraiment d’intimité. Il arrivait même que certains appartements soient sous-loués ! Les insulae restaient des constructions relativement fragiles, construites rapidement avec des matériaux peu coûteux et par conséquent peu résistants. Il n’était pas rare que ces édifices prennent feu.

Les maisons romaines du Celio est un site où il est possible de voir ces deux exemples pertinents d’habitations romaines : une insula (immeuble collectif) et une riche domus (habitation familiale).

Ce site archéologique se développe du IIIe au Ve siècle après J-C. Il s’agissait tout d’abord d’une insula et d’une domus séparées par une étroite ruelle, avant que le tout soit unifié par une seule et même riche famille pour en faire sa luxueuse demeure avant de finir en lieu de culte à la fin de l’Antiquité. C’est un réaménagement constant qui permet de comprendre comment les Romains réutilisaient des structures existantes pour en faire quelque chose d’autre, économisant ainsi temps et argent. 

Intérieur des Case del Celio, ©TourismoRoma

Briques cuites, maçonnerie, et poutres de bois étaient à l’époque les matériaux de prédilection, mais Pline l’Ancien évoque tout de même la présence de plantes grimpantes et de pots de fleurs sur les balcons pour adoucir un peu l’étouffement que devait provoquer cet amas d’édifices.

L’éclairage laissait souvent à désirer, tout comme le chauffage et l’alimentation en eau, exception faite pour les demeures les plus riches comme nous le verrons dans une de ces maisons grâce à la présence d’un nymphée (une fontaine décorative constituée d’un ou plusieurs bassins). Les insulae ressemblent à nos grands immeubles modernes, alors que les domus nous permettent d’évoquer des exigences qui sont semblables à celles d’aujourd’hui (alimentation en eau, éclairage, circulation de l’air, chauffage, etc…) car les familles qui y résidaient, appartenaient généralement à un milieu plus aisé.

Les maisons romaines du Celio offrent deux exemples d’habitations radicalement différents qu’il est intéressant de mettre en parallèle avec votre chef-d’œuvre réalisé au cours de l’année scolaire.

Case del celio, ©italia.it

Pour aller plus loin :

Pour un peu de poésie, nous vous recommandons de feuilleter l’œuvre d’Italo Calvino, Les villes invisibles. L’imagination de l’auteur nous ouvre d’autres perspectives sur l’urbanisation de demain et sur la cohabitation entre ses habitants.

©Karina Puente

Pour en savoir plus sur les domus, les maisons familiales romaines, nous vous conseillons un dossier proposé par la BNF. Vous pouvez le consulter en cliquant ici.

Laisser un commentaire

Blog at WordPress.com.

%d blogueurs aiment cette page :